Espirito Santo : LA PARTIE NE FAIT QUE COMMENCER, par François Leclerc

Billet invité.

Le titre de la BES, la banque du groupe Espirito Santo, s’est envolé en bourse après avoir dévissé plusieurs jours durant. Quelle excellente nouvelle a pu contribuer à si brutalement inverser la tendance, après une succession de révélations inquiétantes ? Tout simplement l’éventualité d’une recapitalisation de la BES à la faveur de l’entrée de nouveaux actionnaires qui pourraient se présenter, car elle aurait le grand mérite de supprimer le risque d’un bail-in, c’est à dire un sauvetage financé par les actionnaires et les créanciers.

Faut-il que la crainte en ait été très forte pour qu’une simple annonce en ce sens du président de la Banque du Portugal produise cet effet ! Cela aussi a été un peu aidé par l’échange d’un grand nombre de titres à la bourse de Lisbonne, par des investisseurs non déclarés. Outre qu’ils ont réalisé dans l’immédiat une excellente affaire, ayant acheté au plus bas, ces investisseurs rendent également un grand service, à se demander s’ils n’agissent pas en service commandé.

La journée avait pourtant mal commencé avec l’annonce du défaut de remboursement du Groupe Espirito Santo sur sa dette auprès de Portugal Telecom, mais l’on apprenait ensuite qu’il lui avait été accordé sept jours pour la régler. Du côté de la filiale angolaise de la BES, véritable boîte noire dont on ne sait combien de pertes elle va faire supporter à sa maison mère, rien n’a filtré. Parti d’opposition au MPLA au pouvoir, l’Unita a annoncé que la gouvernement angolais avait outrepassé ses pouvoirs en ayant accordé une garantie d’un montant dépassant les limites permises. Que sortira-t-il au final de la boîte noire, dans le contexte très politique des relations angolano-portugaises ?

Standard & Poor’s a apporté une fausse note en fin de soirée, en baissant la note de la BES à « B- », craignant l’impact sur celle-ci de l’effondrement du groupe, comme si la partie ne faisait que commencer.